mercredi 13 juillet 2016

Et je danse, aussi, Jean-Claude Mourlevat & Anne-Laure Bondoux

 Et je danse, aussi
 Jean-Claude Mourlevat et Anne-Laure Bondoux

◎ Fleuve éditions
◎ 280 pages

« La vie nous rattrape souvent au moment où l’on s’y attend le moins. Pour Pierre-Marie, romancier à succès (mais qui n’écrit plus), la surprise arrive par la poste, sous la forme d’un mystérieux paquet expédié par une lectrice. Mais pas n’importe quelle lectrice ! Adeline Parmelan, « grande, grosse, brune », pourrait bien être son cauchemar. Au lieu de quoi, ils deviennent peu à peu indispensables l’un à l’autre. Jusqu’au jour où le paquet révèlera son contenu, et ses secrets… »

        



    ○ Et je danse, aussi, est un livre qui me tentait depuis quelques temps déjà. Je dois avouer que le nom de Jean-Claude Mourlevat n’y est pas pour rien… Eh oui, j’adore cet auteur, et j’étais curieuse de découvrir son nouveau roman écrit avec Anne-Laure Bondoux (d’ailleurs c’est drôle mais ils ont tous les deux des noms composés). J’ai cru comprendre que la plupart des gens qui voyaient ce livre reconnaissaient plus Anne-Laure Bondoux, auteure de l’excellent Tant que nous sommes vivants… que je n’ai bien évidemment pas lu (comprendre : j’ai entendu parler d’elle partout mais je ne connais pas sa « patte »). Alors, oui, j’ai lu ce livre parce que Jean-Claude Mourlevat, et J’ASSUMME.

      Je m’attendais à une petite lecture de plage bien sympathique, et j’ai eu droit à un petit bijou ! Et je danse, aussi est un très bon livre, parfait pour l’été, léger mais pas pour autant sans intérêt. Avec ce livre, j’ai découvert un autre Jean-Claude Mourlevat (c’est long à écrire dites donc). En effet, j’avais pour habitude de lire ses histoires où la réalité cédait peu à peu la place à l’imaginaire, où la limite ténue entre les deux s’effaçait (cf. Terrienne, La rivière à l’envers ou Le combat d’hiver). Or ici l’histoire est bien ancrée dans la réalité et c’est un tout autre genre qu’il nous propose. Ce n’est pas pour me déplaire !
   Et je danse, aussi, c’est l’histoire d’une rencontre, celle de Pierre-Marie Sotto (décidément c’est la tournée des longs prénoms), romancier en quête et en panne d’inspiration, et d’Adeline Parmelan, une de ses fidèles lectrices. De là s’ensuit un échange de mails, chacun faisant le récit de sa vie à l’autre, dévoilant peu à peu son passé et ses secrets. Une complicité naissante et un lien affectueux se tisse ainsi entre nos deux protagonistes.

     Ce que j’ai beaucoup aimé dans cette histoire, c’est qu’elle est très humaine et réaliste, tout est très « vrai ». On a l’impression d’assister à vrai échange épistolaire par de vraies personnes qui se racontent leur quotidien, le tout avec humour et malice. Les personnages sont très humains, faits d’une multitude de petits détails et de manies, chacun ayant sa personnalité et sa façon de penser. Pour tout dire, je ne lisais plus les mails de Jean-Claude Mourlevat et d’Anne-Laure Bondoux mais bel et bien ceux de Pierre-Marie Sotto et d’Adeline Parmelan (le quota de prénoms composés a explosé dans cette phrase). Les deux auteurs s’effacent entièrement pour laisser la place à deux autres êtres pourvus de vie. On est absorbé par l’histoire, intense et prenante.
       Et je danse, aussi, traite de la solitude, de l’écriture, de l’amour, de l’amitié, de la vie, quoi. Certains passages sont émouvants, et d’autres offrent une belle réflexion sur la vie. La solitude de deux êtres les pousse à se livrer à un parfait inconnu à travers un écran pour finalement nouer des liens, apprendre à se connaître et avoir une relation solide. Les mots dépeignent avec justesse et sensibilité les épreuves de la vie, et nous apprennent qu’il faut savoir se relever et combattre. Et tout ça sans jamais tomber dans le pathos !
       Ce roman mêle drame, émotion et douleur mais aussi drôlerie, bonne humeur et joie de vivre dans un joli ballet. Les personnages, autant principaux que secondaires, sont délicieux et attachants, tous un peu excentriques mais humains et touchants.

       Et je danse, aussi est un très bon roman, à lire pour se détendre, pour rire et pour souffler un peu. Ça en donne presque envie d’entamer une correspondance avec son auteur préféré ! Qui sait ce qui pourrait advenir ? Ou bien tout simplement écrire aux gens qu’on aime pour leur dire qu’on les aime. En conclusion, ce livre a été une lecture très agréable, un petit moment de fraîcheur,  un petit régal ! C’est un roman feel-good, qui redonne le sourire, l’espoir, la pêche, et bien d’autres choses…

Et je danse, aussi, c’est frais, délicieux, savoureux, drôle, tendre, touchant et sensible.

jeudi 7 juillet 2016

Les Minions, réalisé par Kyle Balda et Pierre Coffin

Les Minions,
Réalisé par Kyle Balda et Pierre Coffin

    Illumination Entertainment
 Film d’animation (1h31) (c’est précis)
  Avec les voix de : Marion Cotillard (Scarlet Overkill), Guillaume Canet (Herb Overkill) et Pierre Coffin (Kevin, Stuart et Bob)

 

  « A l'origine de simples organismes monocellulaires de couleur jaune, les Minions ont évolué au cours des âges au service de maîtres plus abjects les uns que les autres. Les disparitions répétitives de ceux-ci ont plongé les Minions dans une profonde dépression. Mais l'un d'eux, prénommé Kevin, a une idée. Flanqué de Stuart, l'adolescent rebelle et de l'adorable petit Bob, Kevin part à la recherche d'un nouveau patron malfaisant pour guider les siens. Nos trois Minions se lancent dans un palpitant voyage qui va les conduire à leur nouveau maître : Scarlet Overkill, la première superméchante de l'histoire. Nos trois compères arrivent à Londres, où ils vont devoir faire face à la plus terrible des menaces: l'annihilation de leur espèce. »

          


      Aaaah, les Minions ! Il me tardait d’aller voir ce film. Eh oui, comme la plupart des gens, je suis tombée amoureuse de ces adorables…créatures indescriptibles mais tellement drôles et minionnes ! Bref, disons que ce film a eu un sacré succès, même dans le coin paumé où j’habite : le jour où je suis allée voir Vice-Versa* coïncidant avec la sortie du film, j’ai eu le plaisir de voir des enfants tout excités crier « Banana, banana » dans la file d’attente interminable (qui m’a d’ailleurs fait rater les premières minutes de mon film), et se glisser sous les barrières pour aller toucher l’immense pancarte des Minions. Et ce succès, ainsi que l’engouement provoqué par ces adorables petits êtres qu’on a envie de serrer dans nos bras, est tout à fait compréhensible puisque « les Minions », c’est un film hilarant, sans prise de tête, parfait pour se remonter le moral (sauf si vous êtes comme moi et que ça vous donne envie de déprimer parce que les minions n’existeront jamais en vrai), pour petits et grands !

     On suit donc les minions dans leur quête d’un nouveau boss super méchant, qui les mène jusqu’à Scarlet Overkill, puis jusqu’à Londres ! Mais c’est sans compter sur leur sens inné de la bêtise et de la rigolade qui va leur causer bien des soucis…
     Bon, en soi, le scénario ne casse pas trois pattes à un canard et je dois avouer qu’en sortant de la salle (en titubant comme une ivrogne parce que la lumière du jour agresse les yeux), j’avais déjà oublié certaines parties du pourquoi et comment nos protagonistes en sont arrivés là. En effet, il n’y a aucun temps mort pendant le film : les situations cocasses, les bêtises et les fous rires s’enchaînent sans répit. Et c’est ça qui est bien, justement, parce qu’on ne s’ennuie pas une seconde !
           
     Les Minions, c’est un film rafraîchissant et hilarant. On ne peut que rire et s’attendrir devant les mésaventures de Kevin et ses acolytes. C’est un moment de pure détente à passer entre copains-copines ou avec la famille : fous rires garantis ! Je peux vous assurer que la salle entière était secouée d’éclats de rire qui retentissaient aux quatre coins de la pièce. Les minions sont vraiment attachants, de vrais petits chenapans qui sèment la zizanie partout. Le scénario est totalement loufoque et improbable, les gadgets sont la cause de certaines scènes très drôles, les personnages ont tous ce petit brin de folie et cette originalité qui les rendent irrésistibles. L’humour est omniprésent, et qu’est-ce qu’on rit ! Les larmes aux yeux, des crampes au ventre, on savoure ce film en essayant de comprendre le langage des minions.

   Je dois avouer qu’au début j’étais plutôt perplexe et je me demandais comment les réalisateurs allaient nous sortir un film avec des personnages qui baragouinent des phrases incompréhensibles. A ma grande surprise, et à mon plus grand bonheur, ce défi a été relevé haut la main ! On surprend des bribes d’italien, d’anglais, de français, par-ci, par-là, et j’ai même réussi à attraper un « Entschuldigung, Boss ». Cependant, tout passe principalement par la gestuelle et finalement, on comprend très facilement ! Je dirai même qu’il n’y a pas grand-chose à saisir puisqu’une grande partie du film est basée sur des pitreries et autres bêtises.

      Les seules choses que je reproche à cet excellent film d’animation : d’abord le fait qu’avec 3 bandes annonces différentes (une seule suffisait, les gars !) et le nombre de trailers, une trop grande partie du film est dévoilée, et c’est bien dommage. Ensuite vient le marketing : cartables, trousses, livres, BD, figurines, vêtements, nourriture, tout y est… C’est qu’elles se feraient presque envahissantes, ces créatures ! Je peux comprendre qu’on cherche à en tirer profit vu l’engouement qu’ils provoquent, mais là c’est un poil too much

        Sinon, il n’en reste pas moins un très bon film, déjanté, déluré, complètement zinzin (ça se voit que je commence à manquer d’adjectifs ?), décalé et bourré d’humour, qui vous fera… Rire !

Les Minions, c’est juste hilarant, totalement loufoque,
Et garanti sans prises de tête !
Parfait pour se détendre et rire un bon coup. 


* Oui bon, je plaide coupable : la chronique a été rédigée l'année dernière

vendredi 24 juin 2016

Nous les menteurs, Emily Lockhart

Nous les menteurs,
                                          Emily Lockhart

 Gallimard Jeunesse
 288 Pages


    «  Une famille belle et distinguée.
L’été. Une île privée.
Le grand amour. Une ado brisée.
Quatre adolescents à l’amitié indéfectible,
Les Menteurs.

Un accident. Un secret. La vérité. »


            


         Comment lire un livre après tout le monde, épisode 2 ! Ne vous en faites pas, il y en a d’autres à venir ! Je peux vous apprendre comment faire pour lire ces bouquins qui ont enflammé la blogosphère, il y a de cela…un an… Bon allez, trêve d’ironie, je suppose que vous avez (tous ?) reconnu ce livre à la couverture sublime, qui n’avait récolté que des avis positifs à l’époque (si je me souviens bien). D’ailleurs, je l’ai acheté l’année dernière, mais il m’aura fallu attendre 12 mois pour le sortir pour de bon de ma PAL… Je me serais giflée !

    J’ai donc entamé cette lecture alors que les beaux jours pointaient le bout de leur nez (comprendre le soleil et les vacances), ce qui est totalement en accord avec la période durant laquelle se déroule l’histoire.
      En effet, l’intrigue prend place sur une île privée, pendant l’été. La famille Sinclair a pour habitude de se réunir en famille chaque année sur cette luxueuse île pour profiter des vacances. Les Sinclair sont beaux, blonds, sveltes, sportifs, riches et distingués. Le luxe, les belles villas au bord de la mer font partie intégrante de leur quotidien. Les petits enfants sont à l’image de leurs parents et grands-parents : intelligents et parfaits. Parmi eux se trouve Cadence, dont nous allons suivre l’histoire. Suite à un accident dont elle peine à se rappeler les circonstances, sa vie est devenue triste, terne et morose. Elle n’a plus revu l’île et ses cousins depuis deux ans. Jusqu’au jour où elle y remet les pieds…

    J’avais vraiment hâte de découvrir ce livre, dont je n’avais entendu que du bien. Surtout que je trouve la couverture magnifique ! Et le pitch avait l’air intéressant. Je dois avouer qu’au début j’ai eu du mal à rentrer dans l’histoire. Le style d’écriture est assez particulier, non pas qu’il me déplaise, mais il y avait un côté froid et détaché, qui me mettait assez mal à l’aise. Mais une fois que je m’y suis fait, je m’y suis attachée.
     L’écriture représente assez le personnage principal, c’est-à-dire Cadence. Elle a un côté un peu dépressif et morose à cause des séquelles de son accident. Je ne sais pas trop quoi penser d’elle, elle m’a paru fragile et forte à la fois, brûlée par un amour immense et incommensurable. J’ai aimé sa façon d’évoluer au fur et à mesure de son séjour sur l’île, son nouveau regard sur sa famille et les choses qu’elle découvre. Car c’est avant tout une histoire familiale : « un drame familial » est-il écrit sur la quatrième de couverture.
    En effet, la famille Sinclair joue un grand rôle dans cette histoire. Cette famille si distinguée et si parfaite qu’on se demande si c’est possible. Et effectivement, on découvre les dessous de ce tableau rutilant, doré et brillant. Quand les masques tombent, que les sourires se fendillent et que le vernis se craquèle, ce qu’il y a derrière n’est pas beau à voir. On découvre les rouages de cette machine parfaite, qui se grippent et se coincent, la belle image qui vole en éclats, les enjeux de pouvoir et la jalousie, les mensonges et les non-dits. La famille Sinclair a son lot de secrets et de tourments, qu’elle cache si bien.

      Le groupe des Menteurs est assez atypique. Il y a des fois où je me demandais où était cette « amitié indéfectible ». Les membres qui le composent sont authentiques et uniques. J’ai aimé la façon qu’a Cadence de les caractériser. Ce qui est sûr, c’est qu’ils sont liés par un lien solide.
       Un des points forts de ce roman est la relation entre les personnages et les personnages eux-mêmes. L’auteure a creusé leur psychologie, la complexité de chacun et son rapport avec les autres. Les liens qui se tissent, ceux qui se brisent. A travers Cadence, on découvre les (nombreux) membres qui composent la famille, les ambitions de chacun, les sentiments, la souffrance, la rancœur et la rancune, la colère et la joie. Chacun a l’air réel, dans toute sa complexité. Cependant je ne m’y suis pas trop attachée, ils m’ont semblé impossibles à saisir, et c’est bien dommage.

       Ensuite évidemment, il y a le déroulement de l’histoire. Nous découvrons petit à petit ce qui s’est réellement passé le jour de son accident, au gré de ses investigations, ses questions et les indices distillés dans les pages. Le mot « époustouflant » n’est pas utilisé pour rien. L’histoire démarre doucement, avant de s’emballer brusquement, nous menant dans un ballet frénétique qui va crescendo. C’est intense, il y a du suspense et c’est haletant que l’on suit la danse (quelle rime mes amis, quelle rime !). Nous allons de révélation en révélation, qui s’enchaînent lentement, puis rapidement, nous menant inexorablement vers la fin.
   Et quelle fin ! C’est une fin incroyable, complètement inattendue, renversante, bouleversante à en couper le souffle. Je suis restée comme deux ronds de flan, les bras ballants. Je crois bien que j’ai dû lire deux fois la page pour bien comprendre ce que je venais de comprendre. C’est une chute aiguisée comme un couperet, qui tombe avec un bruit sourd sur nos têtes. Je ne m’y attendais vraiment pas, j’ai pourtant émis plusieurs hypothèses, mais pas une fois je m’étais approchée de la vérité. Bref, sur le coup j’étais complètement sur le c*l.

      Bizarrement, alors que j’avais du mal au début, ce que j’ai le plus apprécié est la façon dont est écrit le récit. Les mots, les phrases hachées, le style, les tournures de phrase. Il y a quelque chose de poétique et de dramatique dans chaque alignement de lettres.

       Nous les menteurs a été une belle découverte, malgré un début un peu long. Je pense que c’est un livre à relire plusieurs fois, pour la beauté des mots, pour saisir l’intensité du récit et la profondeur des réflexions. Je l’apprécie mieux et plus avec le recul.

Nous les menteurs, c’est une histoire intense, poignante,
Au souffle puissant, vibrante d’émotion et de vérité. 

jeudi 23 juin 2016

Le cercle littéraire des amateurs d'épluchures de patates, Mary Ann Shaffer & Annie Barrows


Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates,
Mary Ann Shaffer & Annie Barrows 


    Nil éditions
 395 pages


       « Janvier 1946.  Tandis que Londres se relève douloureusement de la guerre, Juliet, jeune écrivain, cherche un sujet pour son prochain roman. Comment pourrait-elle imaginer que la lettre d’un inconnu, natif de l’île de Guernesey, va le lui fournir ? Au fil de ses échanges avec son nouveau correspondant, Juliet pénètre un monde insoupçonné et excentrique ; celui d’un club de lecture au nom étrange inventé pour tromper l’occupant allemand, le Cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates. Juliet découvre l’histoire d’une petite communauté débordante de charme, d’humour, d’humanité. Et puis vient le jour où, à son tour, elle se rend à Guernesey… »

            
        J’ai vu ce livre une ou deux fois sur la blogosphère, mais il ne m’était pas resté en tête très longtemps, jusqu’à ce que je tombe sur lui dans une brocante. (Un jour il faudra que je vous parle de ma passion pour les brocantes.) Le résumé et le titre m’ayant interpellée, je l’ai donc acheté (pour 50 centimes le livre, je n’avais pas grand-chose à perdre !). Eh bien vous savez quoi ? Ce livre est la preuve qu’on peut trouver des pépites parmi les stands d’une brocante ! Car je l’ai adoré, du début à la fin. En fait, même avant de le commencer, quelque chose me disait que j’allais aimer…

      Juliet écrit des livres, mais elle a du mal à retrouver de l’inspiration, surtout en cette période d’après-guerre. Cependant, une lettre d’un inconnu provenant de l’île de Guernesey pourrait bien changer la donne… On suit la correspondance de Juliet avec ce jeune homme, puis peu à peu avec les autres membres du club de lecture dont il fait partie.
       C’est un roman épistolaire, et, bien que je n’en lise pas beaucoup, c’est un genre qui ne me dérange absolument pas. L’histoire n’aurait d’ailleurs pas été pareille si elle avait été relatée sous forme de récit. Les lettres ont quelque chose d’authentique et d’attachant.

       L’histoire est superbe. Elle n’est pas si banale que ça, car elle nous apprend beaucoup de choses sur l’Occupation Allemande dans les îles Anglo-Normandes, dont on ne parle pas forcément beaucoup. Les lettres retracent la vie des insulaires sous la domination allemande, privés de tout contact avec l’extérieur. J’ai ainsi pu me rendre compte de la difficulté de cette période, et que la guerre n’avait épargné personne. C’a beau être une fiction, j’imagine que les auteures ont dû faire des recherches et se documenter, tout comme Juliet le fait après s’être liée d’amitié avec les habitants de Guernesey. J’ai ainsi appris les conditions de vie difficiles, la peur, la soumission et les restrictions qu’ils ont subis. Mais on se rend compte que les soldats allemands ne sont pas juste des soldats, qu’ils ont eux aussi été victimes de cette guerre. Ce livre nuance les idées que l’on peut se faire sur l’armée allemande : tout n’est pas noir et blanc, c’est bien plus compliqué que de mettre les allemands d’un côté et les Alliés de l’autre.

       Il y a autre chose que j’ai beaucoup aimé dans ce livre, c’est l’évocation de la lecture et de tout ce qu’elle peut apporter, même aux personnes qui ne lisaient pas. En effet, le Cercle de littérature a été créé durant la guerre, et à travers les lettres, on peut se rendre compte de l’impact qu’a eu la littérature sur chacun des membres du Cercle. D'ailleurs, ces derniers parlent, et m’ont fait découvrir par la même occasion, de livres très différents, qui ont eu un impact, voire changé leur vie. Bref, la lecture, c’est merveilleux, quoi.
     Je pense que le gros point fort de ce roman réside dans les personnages. Il y en a une multitude, mais chacun est différent, doté d’un caractère et d’une personnalité propres, donc je n’ai pas eu de mal à m’y repérer. J’ai adoré les membres du cercle, en particulier Dawsey, Isola et Elizabeth. Ils sont tous très attachants et touchants. J’ai aussi aimé Sidney, Amelia et bien sûr, Juliet. Elle est fantasque, drôle, têtue, joyeuse, attendrissante, sincère et pleine de vie. J’ai adoré les touches d’humour dont ses lettres étaient saupoudrées et sa relation avec les autres personnages. Elle donne l’impression d’être une bonne copine que j’ai toujours connue et que j’aimerais serrer dans mes bras. Les personnages sont très diversifiés, et c’est comme si je les connaissais depuis une éternité.  Ils sont hauts en couleur, pétillants et chaleureux. J’ai vraiment adoré les suivre, parcourir leurs lettres avec avidité, et chaque fois que j’ouvrais mon livre c’était comme retrouver de vieux amis.

       La progression du récit est aussi intéressante et bien menée puisqu’on assiste à l’amitié naissante entre Juliet et les habitants de Guernesey jusqu’à son arrivée sur l’île. Je regrette qu’il n’y ait pas eu une présence plus importante de Dawsey et Sidney à partir de ce moment, tout comme on ne parle plus beaucoup du Cercle. Le récit est scindé en deux, il prend donc une nouvelle tournure.
      Bien que ce roman aborde des sujets pas très joyeux, l’histoire est loin d’être sombre, dramatique et tragique. Bien au contraire, j’ai plusieurs fois souri, car c’est un récit qui reste léger, malgré les sujets traités. J’ai vraiment ressenti ça comme un concentré de bonheur et de malice, et je me suis immergée dans l’histoire pour me laisser emporter. J’avais vraiment l’impression d’être sur l’île avec eux, de sentir l’air marin et le vent dans mes cheveux, de voir la nature sauvage et la mer immense.

    Pour conclure, ce livre est une petite pépite. J’ai adoré, du début à la fin. C’est une excellente histoire que j’ai aimé suivre, en compagnie de Juliet et de tous ses amis. Je la qualifierai de « feel good ». Ils m’apparaissaient comme réels et m’ont entraînée dans leur sillage, pour vivre une aventure exaltante et débordante d’énergie positive. Je vous le recommande vivement !


Le cercle littéraire des amateurs d’épluchures de patates, c’est drôle, fantasque, touchant, tendre et attachant. Des personnages délicieux et agréables à suivre, bref une excellente histoire !

mardi 21 juin 2016

A comme Aujourd'hui, David Levithan

A comme Aujourd’hui,
                                                David Levithan


 Gallimard Jeunesse
◎ 440 pages



     ○ « Chaque matin, A se réveille dans un corps différent, dans une vie différente. Il s’y est habitué. Il a appris à ne pas s’attacher, à ne pas s’immiscer dans l’existence de l’autre. Jusqu’à ce qu’il emprunte l’identité de Justin, 16 ans, et rencontre sa petite amie, Rhiannon. Dès lors, il n’y a plus de règle qui tienne. Car A a enfin croisé une fille avec qui il veut rester, jour après jour… »



       Dans la catégorie « arriver après tout le monde », je suis reine. Lire des livres qui sont sortis il y a un ou deux ans et qui ont défilé partout sur la blogosphère, c’est ma spécialité. Bref, ce bouquin, je l’ai vu partout sur les blogs, et je n’en ai entendu que du bien ! C’est pourquoi, longtemps après sa parution (et son achat…), j’ai décidé de me lancer. Qu’avait-il donc de si exceptionnel ?
     Ma foi, d’abord et surtout, l’originalité. Le pitch, vous le connaissez tous : A est un garçon, mais aussi une fille. Chaque jour, il incarne un corps différent, et ce depuis sa naissance. Sans chercher à savoir pourquoi, ni comment, il s’y est habitué. Ne pas s’immiscer dans la vie des autres, ne pas changer le cours de leur existence, ne pas interférer. Telle est sa vie. Mais un beau jour, il rencontre Rhiannon. Et tombe amoureux. A partir de ce moment, son existence va basculer. Il va transgresser les règles qu’il s’était imposées, pour pouvoir rester chaque jour avec Rhiannon.

      Quand on lit le résumé, l’histoire peut paraître étrange. Et elle l’est. Mais David Levithan réussit à rendre cette existence impossible si réelle, si possible, que j’ai été embarquée dans ma lecture. Le tout est très bien ficelé, réfléchi et minutieux, si bien qu’on en oublie que c’est improbable. En tout cas, le moins qu’on puisse dire est que cette histoire est loin d’être banale !
      Il est rare aujourd’hui de trouver des récits inédits et vraiment originaux. Alors j’ai été plutôt séduite ! Une autre chose qui m’a vraiment plu est la diversité des corps dans lesquels A se réveille. Il passe dans une multitude de vies différentes, et c’est ce que j’ai aimé. David Levithan ne l’a pas cantonné dans un seul type d’existence, A est passé dans une infinité de situations, certaines plus difficiles que d’autres.

« Quand on est cantonné dans le même corps, il est difficile de se faire une idée de ce qu’est la vie. Chacun demeure enfermé dans sa propre perspective. Tandis que lorsqu’on change soi-même chaque jour, on accède plus facilement à l’universel. […] Observer le monde à partir d’une multitude de points de vue m’a permis d’en éprouver toutes les dimensions. »

     J’ai relevé pas mal de belles et justes citations comme celle-ci. C’est certes un récit étrange mais aussi très poétique, et qui pousse à réfléchir. David Levithan pose une réflexion sur l’identité de chacun, ce dont un être est composé. Il aborde l’existence dans sa globalité, à travers ces corps si différents qui composent notre humanité. Comment vivre comme une fille alors qu’on se sent garçon ? Comment vivre alors qu’on n’aime pas son corps ? Autant de questions posées sur la recherche de sa propre identité.

    Concernant le personnage principal, A,  j’ai eu du mal à m’y attacher, à m’y identifier, peut-être justement parce qu’il n’a pas d’identité propre. Il m’a paru insaisissable. Son existence n’a pas de point d’attache et il n’aura jamais de relation durable. C’est une situation que je trouve assez triste. Je l’ai trouvé assez distant et froid à travers ses mots. Son histoire d’amour avec Rhiannon, bien qu’intense, n’a pas trop su me toucher. En fait j’ai eu du mal à ressentir une quelconque émotion durant ma lecture, et c’est vraiment dommage !
      J’ai terminé le livre en me disant que, décidément, il était trop bizarre. Avec du recul, je me dis que c’était quand même une belle histoire. Je pense que je l’apprécie un peu mieux dorénavant, après avoir laissé le temps passer. J’imagine que c’est un livre qu’on peut relire une seconde fois, parce qu’on peut toujours y trouver de nouvelles perles cachées parmi les mots.
           
      C’est un récit qui me laisse une impression assez bizarre, j’ai du mal à savoir si j’ai aimé ou pas. (Voyez comme ma chronique est « courte ».) En tout cas, c’était une très belle découverte et j’ai passé un bon moment en compagnie d’A et de Rhiannon.


A comme Aujourd’hui, c’est un récit original, universel, beau et étrange à la fois, mais très poétique.

dimanche 29 mai 2016

La fille de papier, Guillaume Musso

La fille de papier,
                                            Guillaume Musso


  XO Edition
  608 pages


  « Tom Boyd, un écrivain célèbre en panne d’inspiration, voit surgir dans sa vie l’héroïne de ses romans. Elle est jolie, elle est désespérée, elle va mourir s’il s’arrête d’écrire. Impossible ? Et pourtant !
     Ensemble, Tom et Billie vont vivre une aventure extraordinaire où la réalité et la fiction s’entremêlent et se bousculent dans un jeu séduisant et mortel. »

            



      ○ Et un nouveau Musso, un ! Si je ne me trompe pas, c’est le cinquième. J’aime beaucoup cet auteur pour les récits addictifs qu’il nous sert, mais cette fois-ci, je dois avouer que mon amour pour lui s’est un peu essoufflé… Et quel dommage, car j’ai vraiment adoré ses livres que j’ai pu lire, mais je ressors de cette lecture avec un avis assez mitigé.

      Commençons par le début. Tom Boyd est un écrivain à succès qui est en dépression depuis que son âme sœur lui a brisé le cœur en le quittant. Il n’écrit plus,  s’assomme à coups de médicaments et ne voit plus personne. Or un beau soir d’orage apparaît dans sa vie Billie… qui n’est autre qu’un des personnages de son roman ! Tour à tour médusé, méfiant puis sceptique, Tom va de voir se rendre à l’évidence : Billie provient bel et bien du monde qu’il a créé, et il faut trouver un moyen pour qu’elle y retourne !
         S’il y a bien quelque chose que l’on ne peut pas reprocher à ce livre, c’est l’originalité. Enfin, de l’idée de départ. Car si le scénario était intéressant, je commence à me rendre compte que les histoires de Musso ont toutes la même trame : un homme, une femme, une aventure, une histoire d’amour dramatique et des personnages torturés au possible. Bon. En soi, ce n’est pas ce qui m’a le plus dérangée, mais je pense que, au bout d’un certain nombre de livres, on s’en lasse un peu.
        Toutefois, l’action est toujours au rendez-vous. La fille de papier, est un roman addictif, j’ai tourné les pages sans m’en rendre compte avalant chapitre sur chapitre avec avidité (même si ces derniers n’avaient pas trop de saveur). On a toujours envie de savoir la suite, et ça c’est un bon point ! L’auteur nous emmène sur un road trip haletant et nous fait voyager à travers le monde entier dans un rythme effréné.

     J’ai beaucoup aimé l’idée qu’il se fait d’un livre, ses réflexions sur la relation entre l’auteur et le lecteur…Guillaume  Musso nous offre ses pensées sur son rapport à l’écriture, il nous explique la magie des mots, le pouvoir d’un livre, on sent qu’il s’exprime par le biais de son personnage, auteur tout comme lui. Ses réflexions sont justes, belles et vraies, et j’adhère totalement à ses propos. J’ai aimé sa façon de nous dire que, oui, un livre vit, grâce à son auteur, mais aussi et surtout grâce à ses lecteurs. C’est une entité à part entière.
      Comme d’habitude, Musso sait nous surprendre, avec une fin aussi géniale qu’inattendue. Je ne sais pas où est-ce qu’il va chercher ses idées, mais en tout cas j’aimerais bien qu’il me donne sa recette, parce que ça envoie du tonnerre ! Je n’y avais pas pensé une seule seconde, et voilà qu’il nous envoie ça dans la figure. C’est épatant.

       Ceci étant, il y a quelque chose qui m’a gênée dans ma lecture. En fait, je n’ai pas réussi à m’attacher aux personnages. Pour moi, l’auteur a trop joué la carte des personnages au passé sombre, qui ont tout vu, tout subi, bref, la fille/le gars torturé psychologiquement, avec ses secrets bien noirs, etc… Une fois ça va, deux fois ça passe, mais là… Stop ! Ça en devient redondant et pas du tout innovateur. J’ai l’impression de lire cinq fois la même histoire.
      Etant donné que ça m’a agacée, je pense que ça explique pourquoi je n’ai rien ressenti pendant ma lecture. J’ai trouvé la relation entre Tom et Billie superficielle et pas vraiment travaillée : un jour il la déteste, et paf ! D’un coup, il lui voue un culte, il ne peut pas vivre sans elle. Bref, ça allait trop vite, c’était trop brusque, et je n’ai pas compris le pourquoi du comment.
      Billie est attachante, fraîche et pétillante, bavarde et joyeuse, avec un fort caractère et des réparties cinglantes. Disons qu’elle a un peu sauvé le roman. Heureusement qu’elle était là pour prendre les choses en main, parce que Tom… J’avais carrément envie de le gifler, au début du roman ! Ou du moins, de le secouer et de lui crier de se bouger un peu. Il était mou, englué dans sa dépression et complètement amorphe à un point que c’en devenait agaçant. Bref, le duo principal ne m’a pas trop convaincue.
     J’ai presque davantage apprécié les personnages secondaires, qui méritaient d’être mis plus en avant. Milo et Carole étaient touchants, mais à nouveau on a droit à des personnages à l’enfance difficile, etc. En tout cas j’ai aimé leur dévouement et leur amitié envers Tom, qui ferait mieux de les remercier plutôt que de pleurer sur sa bien-aimée disparue et égoïste.

      Enfin, il y a autre chose qui m’a dérangée dans l’écriture de ce roman, c’est la grossièreté des personnages et le langage familier. A petites doses, va encore, mais là j’ai trouvé qu’il y avait trop de jurons. Bon, je vous vois venir, « oh là là, mais elle se plaint de tout et de rien cette fille », c’est vrai que ce n’est pas grand-chose, mais ça m’a vraiment dérangée. J’ai aussi trouvé certaines phrases maladroites. L’auteur utilisait des mots familiers avant de passer brusquement au langage soutenu. Je n’ai pas compris si c’était voulu ou non (j’espère que oui), mais en tout cas c’était bizarre.
      Il y a un dernier point qui m’a un peu agacée, mais je ne sais pas comment l’exprimer. Prenons un exemple. Là où un autre auteur aurait dit « il boit un café », Musso dit « il boit un macchiato ». Et ce plusieurs fois. Il utilise aussi des termes anglais, ou bien qui relèvent plutôt du langage parlé, des mots qui se veulent sophistiqués. C’est comme si le récit était trop ancré dans la réalité et qu’il ne laissait pas de place à l’imagination. Laissez-moi imaginer quel type de café il boit, bon sang !

      Pour conclure, La fille de papier est un bon livre, mais pas le Musso du siècle, et sûrement pas le livre du siècle. Je l’ai nettement moins apprécié par rapport aux autres que j’ai pu lire. Du coup, j’ai un peu peur du dernier Musso de ma PAL qui m’attend sagement…


La fille de Papier, c’est : de l’action, de l’addiction, une intrigue bien ficelée et une fin surprenante, mais des personnages un peu vus et revus et un petit manque d’émotions.

lundi 9 mai 2016

Avant toi, Jojo Moyes

Avant toi
                                    Jojo Moyes

    Editions Milady
  524 pages

   « Lou est une fille ordinaire qui mène une vie monotone dans un trou paumé de l'Angleterre dont elle n'est jamais sortie. Quand elle se retrouve au chômage, elle accepte un contrat de six mois pour tenir compagnie à un handicapé. Malgré l'accueil glacial qu'il lui réserve, Lou va découvrir en lui un jeune homme exceptionnel, brillant dans les affaires, accro aux sensations fortes et voyageur invétéré. Mais depuis l'accident qui l'a rendu tétraplégique, Will veut mettre fin à ses jours. Lou n'a que quelques mois pour le faire changer d'avis. »

      

     

     Je ne trouve pas les mots pour parler de cette histoire. Pas encore, car ça va venir : j’ai pleins de choses à dire sur cette pépite. Il faut dire que j’étais très sceptique au début. C’est ma meilleure amie qui m’a demandé de l’aider à trouver ce livre à Auchan et je n’en avais jamais entendu parler auparavant. Quand elle l’a acheté et que j’ai lu le résumé, je me suis dit que ça allait encore être une histoire clichée comme on en voit beaucoup en ce moment depuis le phénomène « Nos étoiles contraires » (livre que j’ai adoré, soit dit en passant). Et en plus le titre me rappelait la chanson de Calogero du même nom – et d’ailleurs en ce moment même je l’entends hurler dans mes oreilles « avant toi c’était quoiiiii, sinon un préambuuule, un long chemin de croaaaa ». Bref, j’étais carrément réticente, je ne voulais pas le lire du tout ! Je pensais que ce n’était pas un livre « fait pour moi » (idée stupide, je l’admets), et pourtant je l’ai quand même embarqué de force à mon amie parce que… Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis, non ? Et je la remercie de m’avoir laissé faire, parce que je m’étais trompée sur toute la ligne. Littéralement. Je suis tellement contente d’avoir laissé sa chance à ce livre : j’ai découvert une histoire incroyable, un souffle puissant d’émotion qui a laissé mon cerveau sens dessus dessous.
           
    Louisa Clark est une jeune femme plus que normale : sa vie est rangée, ordonnée, tranquille et sans surprise. Jusqu’au jour où elle se trouve sans emploi et se voit contrainte de s’occuper de Will. Ce dernier, victime d’un accident de la route, est cloué dans un fauteuil roulant pour le restant de ses jours, privé de mobilité et nécessitant de soins particuliers par son infirmier. Lou essaie de nouer une relation amicale avec son employeur, mais il se montre absolument détestable et froid. Lou va alors découvrir la terrible raison pour laquelle elle a été engagée auprès de Will…
     Je n’attendais pas grand-chose de l’histoire, étant donné que je pensais que ce serait quelque chose d’assez classique. Que nenni ! Nous n’avons pas là une romance guillerette entre adolescents pré pubères, mais quelque chose de beaucoup plus posé, et plus fort, aussi. Eh oui, car Lou et Will n’ont plus 15 ans, ils ont la trentaine, ce qui change pas mal de choses. C’est loin des passions déchaînées, les histoires d’amour tout feu tout flammes des ados en chaleur, mais c’est beaucoup plus posé, calme et doux. Et c’est ce qui rend le tout beaucoup plus puissant.
    L’histoire de Lou et Will, leur histoire personnelle et l’histoire commune qu’ils se construisent petit à petit, m’a bouleversée. Elle prend son temps, et les liens se tissent lentement mais sûrement (même si quelques fois j’ai trouvé que ça allait un peu vite et brusquement). Jojo Moyes n’a pas simplement créé des personnages en papier, elle leur a insufflé la vie, et ils sont apparus en chair et en os devant moi, pour m’entraîner dans leur sillage. J’ai adoré vivre à leurs côtés et ça m’a déchirée de devoir me séparer d’eux. La magie des mots mes amis, la magie des mots !

     J’ai adoré Louisa, ses répliques cinglantes, son humour, sa fraîcheur, son incapacité à se taire et son sens de la répartie. C’est une forte tête, elle amène de la lumière partout où elle va, mais elle reste si fragile à l’intérieur que c’est comme si les morceaux qui la constituaient étaient collés de façon si chaotique qu’elle risquait de se briser à chaque instant. J’ai aimé suivre ses pensées, ses peurs, ses joies, ses colères. C’est une fille pleine de vie qui va se construire et s’épanouir petit à petit auprès de Will, se forger une identité, acquérir de l’assurance et ouvrir les yeux sur le monde qui l’entoure pour le (re)découvrir.
     J’ai adoré Will, son sarcasme, son ironie et son cynisme, la détresse et le désespoir qui émanent de lui, la douleur qui l’étouffe alors que c’était un jeune homme ambitieux et plein de vie. Et c’est Louisa qui va allumer la lumière dans l’obscurité où il vit, lui permettre de sortir de sa carapace de souffrance, l’extirper de sa déprime et de ses idées morbides.
    Lou et Will se complètent. Chacun apprend à se réapproprier sa vie, ils s’ouvrent au contact de l’autre, et leur existence en est chamboulée. Leur monde s’élargit, non pas sans difficulté. Chacun rend l’autre meilleur, et on les voit évoluer au fil de ces 500 pages qui défilent sans que l’on s’en rende compte. Un duo brillant.

       Jojo Moyes aborde des thèmes que je n’avais jamais lus jusqu’ici. Le handicap, la mort assistée, le chômage… Autant de sujets sérieux et complexes qui sont traités avec brio. J’ai beaucoup appris sur la tétraplégie, les soins que cela nécessitait, la vulnérabilité face aux maladies, le traitement et les nombreux médicaments, l’adaptation à un nouveau mode de vie. Et surtout, la douleur physique et psychique en permanence, le choc de ne plus pouvoir vivre comme avant, toutes ces choses simples qu’il est désormais impossible d’effectuer, les choix que l’on ne peut plus faire soi-même, le fait d’être entièrement dépendant de quelqu’un d’autre, mais aussi le regard des autres. La frustration, la colère, la douleur, la tristesse et le désespoir immense, je n’aurais jamais imaginé la plus infime partie de la vie que mènent ces invalides. Jojo Moyes m’a ouvert les yeux sur une partie de notre société que l’on s’efforce de ne pas voir, ou d’ignorer.

       Même si l’histoire aborde un schéma assez classique malgré tout, j’ai dévoré le livre. Et plus j’avançais et plus je redoutais la fin, j’avais une folle envie de tourner les pages en arrière pour ne jamais connaître l’issue de l’histoire. Je me demandais si Lou allait réussir à faire changer Will d’avis. C’était en même temps un bonheur et un supplice de tourner les pages de ce livre.
      J’en suis ressortie chamboulée. J’ai beaucoup pleuré pendant ma lecture, comme je ne l’avais plus fait depuis Nos étoiles contraires (encore ce livre ! on croirait que c’est ma référence). Des litres d’eau salée, les yeux qui piquent, la morve au nez et la gorge nouée. Chaque fois que je feuillette les pages au hasard je sens mes yeux s’embuer, c’est plus fort que moi. J’ai aimé Avant toi de tout mon cœur. C’a été une vague d’émotion qui a déferlé en moi, puissante et dévastatrice. Un coup au cœur. La naissance d’un véritable univers, qui explose et jaillit devant moi.

       Je suis passée par toutes les émotions possibles, du rire aux larmes, en passant par la compassion et la frustration. Je ne regrette pas d’avoir ouvert ce livre et de lui avoir laissé une chance, alors que je partais avec beaucoup d’a priori. C’était une lecture magnifique comme je n’en avais plus eue depuis longtemps.

Avant toi, c’est poignant, émouvant, brillant. Drôle, sublime et magique, une véritable découverte, une petite perle de fraîcheur, de douceur et de bonheur.


     Je sais qu’il va y avoir un film (évidemment) qui sort bientôt en salles, mais j’ai toujours un peu d’appréhension quant aux adaptations des livres. Et puis j’ai peur de trop pleurer pendant le film, donc je me tâte encore pour savoir si j’irai le voir dans une salle noire armée de mes kleenex ou dans ma chambre au chaud avec ma boîte de mouchoirs… Mais j’imagine que je ne serais pas la seule en train de renifler et « mais non je suis juste enrhumée » !