jeudi 28 avril 2016

Risque Zéro, Pete Hautman

Risque Zéro,
                                     Pete Hautman


       Milan
             295 pages
                                                                          
            «  Imaginez un monde où tout risque est banni. Un monde où le danger n'existe plus. Fini le sport : trop dangereux ! Aimer ? Trop éprouvant ! Ce monde du risque zéro, c'est celui des États-Sécurisés d'Amérique. Nous sommes en 2074, Bo Marsten a 16 ans et vit sous cette dictature du bien-être. Les carcans, les interdits ? Il n'en peut plus. Enfermé dans un camp de travaux forcés, il décide de résister. Pour être libre. Pour prendre le risque de vivre, tout simplement... »




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    ○ Il est tard. Je dois aller me coucher. Mais je suis à mon bureau en train de rédiger cette chronique, et tant pis si je me fais manger par les moustiques. J'ai besoin de mettre les mots sur ce que j'ai ressenti durant cette lecture. Ou plutôt, ce que je n'ai pas ressenti. Car ce livre est une déception. Ce n'est pas souvent que j'ai cet arrière-goût amer dans la gorge et cette impression de ne pas avoir compris les idées de l'auteur lorsque je referme un bouquin... Pourtant, là, ce que j'ai envie de dire, c'est : Ouf ! Honnêtement, je suis soulagée d'en avoir terminé avec Risque Zéro. Sincèrement, je suis déçue. Le début était si prometteur ! Mais, vraiment, le feeling n'est pas passé, je crois.
      Commençons par le plus simple : le monde inventé par l'auteur. Un univers original, qui sort de tous les mondes « futuristes » que j'ai côtoyés lors de mes nombreuses lectures. Un monde où le danger est rayé des Etats-Unis, renommés en « Etats-Sécurisés d'Amérique ». Cet univers bâti par Pete Hautman nous amène à réfléchir sur le propre futur de notre pays. En effet, ce qui est décrit dans le livre est tout de même assez réaliste, dans le sens où cela pourrait arriver, ce qui est assez effrayant. De plus, on voit bien les deux univers (celui des Etats-Sécurisés d'Amérique et celui d'un monde « normal ») confrontés, avec la présence du grand-père, qui a vécu pendant « notre » époque. C'est un vieil homme râleur qui se plaint de ce qu'est devenu son pays. L'histoire est donc abordée avec deux points de vue différents sur un même monde.
    Intéressant, n'est-ce pas ? Pourtant, plus j'avançais dans ma lecture et plus j'avais la désagréable impression que l'idée n'avait pas été assez approfondie, pas assez exploitée, pas assez développée. Un point fort qui a donc été négligé par la suite. On nous balance quelques informations au début du roman, et puis après, plus rien. J'avais l'impression de naviguer dans un petit brouillard. Je trouve que cette Amérique sécurisée était un peu bancale, pas très concrète, pas très détaillée. J'ai ainsi froncé les  sourcils lorsqu'on nous parle de la petite amie (absolument horrible, cette fille, en passant) de Bo, notre cher protagoniste. N'est-il pas marqué, sur la quatrième de couverture : « Aimer ? Trop éprouvant ! » ? Je pensais donc que ce serait un monde où l'amour est banni.

       En effet, il est annoncé que Bo Marsten décide de résister, alors qu'il est incarcéré dans un camp de travaux forcés, contre ce pays où plus rien de dangereux n'est autorisé. D'abord, Bo n'est déporté qu'à la deuxième partie (sur trois) du roman, et j'ai trouvé les pages qui la précédaient particulièrement ennuyeuses. Ensuite, Bo ne s'est pas mis à résister lorsqu'il était enfermé en prison (d'ailleurs, la quasi-totalité de l'histoire se base sur le système carcéral et juridique, dont je ne connais pas grand-chose, donc il y a certains termes que je n'ai pas compris, chose qui m'a un peu gênée).
Enfin, si Bo se met bel et bien à « résister » (si je peux appeler ça comme ça), ce n'est que vers la toute fin du roman qu'il se met à agir –au bout de 270 pages, bon sang ! –.
      En plus, je suis déçue par la façon dont notre protagoniste se rebelle. « Pour être libre. Pour prendre le risque de vivre, tout simplement. » A cause de ces deux phrases, je m'attendais à quelque chose de beau, de poétique, d'épique, à propos de la valeur de la vie, des moments d'excitation et d'adrénaline qui la constituent, et au final....Rien. Je n'ai pas eu l'impression de trouver une quelconque réflexion de la part de Bo ou des autres personnages. Je crois que c'est ça qui m'a frustrée au plus haut point.

        Donc si je devais résumer l'histoire à ma façon, ce serait plutôt ainsi : « Dans les Etats-Sécurisés d'Amérique, où tout risque est évité grâce à des mesures exagérées, et où le moindre délit vous envoie dans des camps de travaux forcés, Bo Marsten est condamné à travailler dans l'une de ces prisons. Là-bas, loin de tout, il découvre un nouveau mode de vie, de nouvelles règles, de nouveaux compagnons. Une vie radicalement différente, qui va bien le changer. »
       Bon, en parlant de l'intrigue, ça m'a perturbée parce que j'ai eu l'impression de n'en avoir rien retenu. Pendant presque 300 pages, j'ai suivi Bo et tout un baratin sur le sport, pour finalement se souvenir de...pas grand-chose ! J'ai l'étrange sensation d'avoir lu du vide. Quel dommage ! La couverture et le résumé étaient intrigants, le contexte original, mais je n'ai tout simplement pas accroché. La lecture a été très laborieuse, c'est pour vous dire !
     Dernier point à aborder, –et après j'arrête de râler, promis– les personnages. Alors là, mon « malaise » vis-à-vis de ce roman s'est accentué davantage, parce que je n'ai tout simplement éprouvé aucune émotion, ni sympathie, ni colère, ni pitié ! A part certains personnages qui m'ont pas mal agacée de par leur caractère stéréotypé, je suis restée de marbre devant les mésaventures et aventures de Bo. Malgré le grand-père et son côté bourru et réactionnaire, malgré l'humour de l'Intelligence Artificielle créée par Bo, je ne me suis pas attachée à eux.  C'est vraiment bizarre, je me sentais distante durant toute ma lecture, je les « regardais » sans les voir.
      Les seules choses qui m'ont plu, étaient : 1. La plume de l'auteur, agréable à lire et teintée d'un humour ironique qui m'a fait rire à plusieurs endroits, et 2. La fin, plutôt pas mal, significative et ouverte. En passant, les chapitres sont d'une longueur correcte, même s'ils étaient parfois un peu courts.
           
       En résumé, je suis déçue, déçue, déçue ! Déçue de ce roman qui était si prometteur mais qui s'est finalement révélé...Je ne sais même pas quel mot employer. Mais je suis aussi déçue et frustrée de moi-même, car même en me forçant, je n'ai pas réussi à m'immerger totalement dans l'histoire. Cette dernière me laisse une impression de flottement et de vide : je n'arrive pas à saisir ce fichu récit et à me l'ancrer dans la tête, c'est énervant ! J'aurais vraiment voulu aimer ce livre, mais je n'ai pas pu. Sincèrement. Je suis rarement déçue quand je sors d'une lecture ! C'est pourquoi, je m'étale sur cette chronique : je crois bien que c'est ma première, vraie, grande déception. J'attendais tellement de cette lecture !       
       Je crois que le plus perturbant dans tout cela était que je n'étais pas habituée à ce genre d'histoire. En effet, quand je lis une dystopie (en est-ce une ?), j'ai tendance à trouver des personnages hors du commun, une ambiance plutôt sombre, des combats et de l'action, bref quelque chose d'épique, de saisissant ! Or, ici, le héros est normal, et à part le fait que le danger n'existe plus, tout est relativement calme, banal, réaliste, normal... Je pense que c'est ça qui m'a le plus dérangée. Au fond, le problème vient plus de moi que de Pete Hautman !

Risque Zéro, c'est : un scénario original, un univers original, mais pas suffisamment exploités. Des personnages intéressants mais dont je me suis trouvée distante. Une intrigue difficile à cerner, à saisir...

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